Endométriose : l’avancée médicale qui pourrait tout changer. En 2024, plus de 190 millions de femmes à travers le monde vivent avec cette maladie, soit une femme sur dix selon l’OMS. En France, l’Assurance maladie estime que 2,5 millions de patientes sont touchées, mais 60 % attendent encore un diagnostic fiable. Une étude parue dans The Lancet en mai 2023 révèle que le retard diagnostic moyen reste de 7 ans, malgré un triplement des publications scientifiques depuis 2018. Ces chiffres vertigineux soulignent un paradoxe : jamais la science n’a autant progressé, jamais l’invisibilité sociale n’a été aussi criante.

Endométriose : où en est la recherche en 2024 ?

Les laboratoires redoublent d’efforts. À l’Inserm (Paris), l’équipe du Pr Charles Chapron teste depuis janvier 2024 une combinaison d’immunothérapie et de modulateurs hormonaux. L’essai de phase II implique 120 patientes recrutées entre l’Hôpital Cochin et la Mayo Clinic (États-Unis). Premier objectif : réduire la taille des lésions de 40 % avant 2026.

Des biomarqueurs enfin prometteurs

• En avril 2023, la biotech australienne EndoDiag a présenté un test salivaire capable de détecter la signature génétique de l’endométriose avec 92 % de sensibilité.
• Le CHU de Montpellier évalue en parallèle une analyse sanguine basée sur les microARN, décisive pour un dépistage précoce.

D’un côté, ces biomarqueurs pourraient abattre le mur du sous-diagnostic ; mais de l’autre, leur coût (250 € par test) pose la question de l’accessibilité en système de soin public.

L’inspiration venue d’ailleurs

En 1932, Frida Kahlo peignait « Henry Ford Hospital », tableau où elle exprime ses douleurs pelviennes. Quatre-vingt-dix ans plus tard, les chercheurs s’appuient sur l’imagerie 3D haute résolution pour cartographier les lésions avec la même précision qu’un scanner de la Nasa. Clin d’œil artistique, mais avancée technologique majeure : la résonance magnétique multiparamétrique réduit de 30 % les récidives chirurgicales, selon une étude lyonnaise publiée en décembre 2022.

Quels traitements disponibles aujourd’hui ?

Qu’est-ce que le protocole de prise en charge standard ? Depuis la mise à jour de la HAS (juin 2023), le parcours combine hormonothérapie, chirurgie conservatrice et accompagnement pluridisciplinaire. Voici les options clés :

  1. Progestatifs oraux : 1er recours, coût modéré (7 € par mois), efficacité douleur 50-60 %.
  2. Agonistes de la GnRH : cure de 3 à 6 mois, mais risque d’ostéoporose.
  3. Laparoscopie : 40 000 interventions/an en France ; récidive dans 20 % des cas.
  4. Rééducation périnéale et sophrologie : gain de qualité de vie +25 % (Université de Liège, 2022).

Pourquoi n’existe-t-il pas encore de traitement curatif ? L’endométriose est multifactorielle : influence hormonale, dérèglement immunitaire, composante génétique. Les thérapies ciblées ne neutralisent qu’une partie du problème, d’où la recherche d’approches combinées.

Focus sur les nouveaux médicaments

Elagolix (commercialisé depuis 2022 aux États-Unis) a réduit la douleur pelvienne chronique de 45 % dans l’essai EM-AB. Son arrivée en Europe est attendue courant 2025.
Relugolix : déjà prescrit pour les fibromes, étudié pour l’endométriose au Japon. Résultats préliminaires : -38 % de douleurs menstruelles.

Vivre avec la maladie : conseils pratiques et retours d’expérience

Clémence, 32 ans, ingénieure à Lyon, se souvient : « Après trois opérations, c’est la nutrition anti-inflammatoire qui a changé mon quotidien ». Son témoignage n’est pas isolé. Une méta-analyse italienne (2023) montre qu’un régime riche en oméga-3 et pauvre en sucres rapides diminue l’intensité des douleurs de 20 % en trois mois.

Gestes simples, impact réel

  • Privilégier le yoga thérapeutique (sessions de 30 min, 3 fois par semaine).
  • Tenir un journal de douleurs pour objectiver les progrès.
  • Tester la thermothérapie locale : patch de chaleur 40 °C, effet antalgique 8 h.
  • Consulter un psychologue spécialisé : taux d’anxiété réduit de moitié (Inserm, 2022).

Santé physique, mais aussi mentale

Les équipes de l’ONG EndoFrance rappellent qu’un suivi psychologique adapté évite l’isolement. Entre 2019 et 2024, la prévalence de la dépression chez les patientes endométriosiques est passée de 31 % à 37 %. Une vigilance s’impose, en lien avec d’autres sujets du site comme la santé mentale et la gestion du stress.

Vers une révolution thérapeutique ? Entre espoir et prudence

Certaines annonces laissent rêveur. En octobre 2023, le MIT a dévoilé un prototype de nanorobot libérant de la progestérone directement sur les lésions. La start-up californienne NeuroHealth mise, elle, sur la neuromodulation vaginale pour inhiber la transmission de la douleur.

Pourtant, plusieurs questions demeurent :
• Les essais sont-ils suffisamment longs pour mesurer les récidives ?
• Quel sera le coût de dispositifs aussi sophistiqués ?
• Les patientes seront-elles consultées sur leurs priorités (fertilité, douleur, quotidien) ?

Je reste prudent. Les promesses de la high-tech ne doivent pas occulter l’urgence actuelle : former les généralistes, faciliter le diagnostic et garantir un accès rapide aux centres experts (où l’attente dépasse 9 mois en Île-de-France).


Chaque avancée, chaque témoignage rapproche la société d’une compréhension pleine et entière de l’endométriose. Raconter ces récits, confronter les chiffres, rester lucide tout en pointant les espoirs : telle est ma mission de journaliste. Si, comme moi, vous pensez que l’information éclairée peut changer la trajectoire d’une maladie, rejoignez-moi dans la suite de cette exploration – d’autres chapitres, du rôle de la microbiote intestinal à l’impact de la rééducation abdominale hypopressive, n’attendent que votre curiosité.